Pas aveugles mais troublés, gênés par les artifices.
La réalité résume, matérialise et s’impose mais il est probable que ce qui se cache est visible.
Ni le réalisme ni l’usage des sujets ne donnent vie à la nature morte. C’est petit à petit, tout au long d’un périple que les transformations s’opèrent.
C’est quand les objets abandonnent leur utilité, se mettent à nu, qu’ils deviennent sujets de contemplation, trouvent leur place dans l’espace. Un espace qui s’organise pour les abstraire. Ils s’y imposent. Ils s’y fondent et jouent de cet éternel équilibre entre vide et plein.
Qu’importe l’histoire racontée et qui la raconte. Les protagonistes prennent formes, se glissent dans des fleurs qui se meurent. D’étranges fleurs immobiles qui se meuvent. Elles parlent de haine, d’erreurs, de colères, elles crient la douleur, elles dansent. Un récit surgit mais rien n’est réel, concret. Rien n’est vivant mais tout respire.
Que voyons-nous des danseuses ? Leurs mouvements ne laissent que quelques traces qui, un instant figées, révèlent ce que la vie des humains cache de végétal ou comment ces fleurs ont pris vie, comment et par quel feu lorsque la vie semble s’éteindre, l’humain paraît.
Qu’ont de commun tous ces humains ? Comment tous ces inconnus croisés sur la place qu’ils ont choisi de traverser, nous montrent-ils ce que les fleurs nous disent. La vie, l’humanité n’est pas dans l’apparence. Si les gestes les regards les postures racontent l’histoire, les sensations donnent à voir ce qui se cache.
Comme l’encre dessine les contours, le noir envahit pour que, de ce qu’il reste de lumière, quelques formes s’imposent. La nature et l’identité s’effacent. Ne reste qu’une impression, une sensation. Le noir n’effraie pas. Le noir transfigure le réel. Il lève le voile des apparences.