Zoom sur... Stéphane GAVOYE (juin 2018)

Pour cette exposition, le photographe Stéphane Gavoye nous fait découvrir sa passion pour le paysage au sens large, avec ses remarquables images de la vallée de la Loue. Mais aussi une série très originale, réalisée en macrophotographie, avec ses « paysages fromagers ». Un voyage (gourmand) et surprenant !

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Bonjour Erick, bonjour à vous !

Stéphane Gavoye, 38 ans. Vosgien de naissance, Franc-Comtois d’adoption. Ingénieur agronome travaillant aux côtés des transformateurs fromagers.

Quand et pourquoi avez-vous commencé à photographier ? Et avec quel appareil ?

J’ai débuté il y a environ 15 ans. Nouvel arrivant en Franche-Comté, j’ai beaucoup pratiqué la randonnée. L’appareil photographique était alors un outil pour garder une trace de ces randonnées. La passion de l’image grandissant, les choses se sont inversées. Mes jambes sont devenues des outils pour aller prendre des photographies. Cette transition s’est opérée avec un Canon EOS 350D.

Pourquoi avoir choisi la photographie pour vous exprimer ?

Je ne suis pas très habile avec les mots. Je me suis aperçu que via la photographie, j’avais la possibilité d’exprimer ma sensibilité. A travers les paysages, les lumières et l’interprétation que je pouvais y glisser.

Comment définiriez-vous votre pratique ?

Onirique. La pratique photographique est un ensemble. Et le voyage est probablement plus important que la destination. Dans le cadre de la photographie paysagère, je sors quasi exclusivement aux aurores avant le moment dit de l’heure bleue. Cela s’accompagne de marches à la frontale dans l’obscurité et le silence. Ce moment participe grandement à la mise en condition, à l’éveil de l’imaginaire. Après il ne reste plus qu’à mettre en musique avec la lumière naissante.

Qu'est-ce que vous apporte l'acte photographique ?

Des rêves, des promenades avec des elfes.

Avez-vous d’autres sources d’inspiration que l’art photographique ? 

La musique. Incontestablement une clé pour basculer du réel à l’imaginaire. La vibration d’une note de piano est d’une puissance extraordinaire pour vous émouvoir et vous faire voyager.

Quel regard portez-vous sur l’art en général et sur la photographie ? 

J’ai envie de dire un regard naïf. Je n’ai que très peu de culture artistique. Je me laisse uniquement guider par l’émotion.

Quel grand maître de la photographie admirez-vous le plus ?

J’en donnerai trois : Sebastião Salgado, Michael Kenna et Fan Ho. De belles sources d’émotions.

Votre exposition s’intitule « Errances paysagères ». Pouvez-vous nous en dire plus ? 

Comme je l’évoquais plus haut, l’errance, l’observation rêveuse est d’importance dans ma démarche photographique des paysages de notre région. L’errance peut aussi s’entendre autrement. Dans le cas de cette exposition, j’ai erré avec l’objectif macro à la surface de différents fromages pour composer des « paysages fromagers ». Les fromages sont aussi un monde fascinant plein de diversité. A partir d’une matière blanche uniforme qu’est le lait naît une grande diversité de fromage. Lactique, croûte fleurie, pâte pressée cuite, croûte lavée, fromages fondus, croûte morgée. Avec une diversité de textures et de couleurs qui ont provoqué l’envie de composer de nouveaux paysages.

L’errance paysagère peut donc nous emmener sur les rives de la Loue et au sein de paysages fromagers.

Quelles sont les principales difficultés liées à votre pratique artistique ?

L’aspect chronophage. La photographie est une passion qui doit se concilier avec vie familiale et vie professionnelle. La photographie de paysage, c’est avant tout une lumière et chasser la belle lumière peut prendre beaucoup de temps. C’est aussi une des origines des paysages fromagers car dans ce cas, je crée la lumière dans un petit bout de mon salon.

Avant de porter l'appareil photo à votre œil, avez-vous déjà imaginé le cadrage de la photo ? 

Oui et même bien avant de prendre l’appareil photographique en main. Je travaille beaucoup en utilisant les cartes IGN et les applications permettant de connaître le positionnement du soleil ou de la lune. Dès cette étape, l’image commence à se construire mais elle est floue et l’image ne se fixe que sur le terrain en fonction du ressenti au moment de la prise de vue.

Comment choisissez-vous vos images lors de l'éditing sur l'ordinateur ? 

Le premier filtre est sentimental. Est-ce que l’image provoque un petit frémissement ou pas ? Le deuxième filtre est technique : netteté, composition...

Pour vous, l'appareil photo est un outil ou un instrument ? 

Etant donné que la photographie est avant tout un plaisir et non un métier. Je dirais que l’appareil photo est un instrument me permettant de mettre en musique les paysages.

Quel matériel utilisez-vous ?

J’ai appris la photographie sur du matériel numérique et je continue sur ce type de matériel. Aujourd’hui, je travaille sur un Canon EOS 70D.

Quels sont vos 2 objectifs préférés ?

Un ultra grand angle (Canon 10-22 mm) et un objectif macro (Canon 60 mm macro).

Focales fixes ou zoom ? Pourquoi ce choix ? 

Les deux. En paysage, le zoom permet plus de souplesse. Il n’est pas toujours évident de se positionner en fonction d’une focale. En revanche, en macro ou en portrait, je photographie avec des focales fixes qui permettent généralement d’aller sur des ouvertures plus grandes. Et dans ces domaines, on a tout loisir de tourner autour de son sujet pour trouver la bonne composition.

Avez-vous un accessoire qui vous est particulièrement utile dans votre approche photo ?

Les filtres dans la photographie paysagère. Filtre gris neutre, filtre gris dégradé, filtre polarisant. Ils me sont indispensables,

Quels conseils donneriez-vous à un photographe débutant ?

Juste de prendre du plaisir. Si vous prenez du plaisir, vous aurez l’envie d’aller plus loin et ça sera le début d’une longue histoire.

Un petit mot pour vos lecteurs et futurs visiteurs ? 

Mes remerciements avant tout. Ça sera avec plaisir que je vous accompagnerai dans votre errance aux côtés de la Vouivre et autres êtres féériques.

 

Abécédaire :

S comme soleil : source de lumière et de mise en relief

T comme trépied : indispensable quand monsieur soleil n’a pas encore pointé son nez

E comme émotion : j’espère que j’en susciterai dans vos regards

P comme paysage : mon sujet de prédilection même quand je fais de la macrophotographie

H comme hiver : la plus belle des saisons

A comme aurore : moment de quiétude propice à la rêverie et donc à la photographie

N comme neige : pour sublimer les paysages de la région

E comme éphémère : comme l’est la lumière ou la brume

 

G comme geotrichum : levure que l’on va retrouver à la surface de fromages à croûte fleurie comme le Chaource ou le Camembert

A comme AOP : Appellation d’origine protégée comme les fromages que je trouve dans mon frigo

V comme vouivre : être féerique qui peuple la Loue

O comme onirique : le rêve doit inspirer la photo. La photo doit inspirer le rêve

Y comme yeux : les portes vers le cœur

E comme end : Fin