Ancien industriel devenu photographe, je crée aujourd’hui des portfolios engagés ayant un lien avec l’actualité. Certains me qualifient de "chroniqueur", cela me semble assez juste, mais j’ajouterais, "comme un dessinateur de presse".
Après mes séries photographiques "Petit Patron", "L’Entreprise Illustrée", puis la co-réalisation du livre "Entreprise rayonnante, réussir autrement", ce nouveau travail, "Voyage au pays des merveilles" sur le devenir des migrants en France, paraît bien éloigné de mon thème de prédilection, l’Entreprise.
Et pourtant…
Les entreprises sont à la recherche de talents, de personnes motivées, déjà formées ou prêtes à l’être. 400.000 postes ne sont pas pourvus en France, autant de cotisations non perçues, de richesses non créées, de dynamique perdue et je ne compte pas le travail dissimulé. Vous voyez, sur un plan purement comptable, où je veux en venir. J’aborde cyniquement l’intérêt économique d’accueillir des migrants pour capter l’attention des plus réticents à leur venue sur le territoire pour, au final, les inviter à visiter l’exposition "Voyage au pays des merveilles".
L’économie au service de l’Homme et non l’inverse.
"On ne peut pas accueillir toute la misère du monde", une affirmation qui sonne comme un slogan, mais qui au fil des images et des titres sera démontée en toute logique. Peut-on croiser la mort à chaque étape de son exode en ayant comme seule motivation, à l’arrivée, l’obtention d’aides sociales ? Certainement pas.
Faut-il assimiler ou intégrer, quel dilemme !
Je ne peux m’empêcher de voir quelque chose d’artificiel dans ces deux concepts, comme une recette de cuisine. Faut-il changer les gens ou les disséminer dans la population autochtone ?
L’insertion professionnelle dans le monde du travail constitue sans nul doute une partie de la solution à ces questions d’intégration.
L’entreprise est un milieu dans lequel la valeur et la compétence des gens sont les plus reconnues. On ne s’y sent ni charitable ni redevable. Les échanges se font autour de projets, d’objectifs et de missions. C’est le lieu de partage par excellence, il est symbolisé par l’orange dans le portfolio photographique.
Certes, l’entreprise trouvera aussi ses détracteurs, tout n’est pas parfait, mais elle est à mes yeux la structure la plus sincère et la plus saine pour créer du lien entre les hommes, retrouver un statut, s’épanouir et gagner sa vie.
Il faut se donner les moyens de répondre à une détresse humaine sur notre territoire et de créer les richesses nécessaires pour vivre collectivement. Les affinités se créeront au-delà des couleurs, des religions et des cultures propices au communautarisme quand elles sont le seul point de convergence.
À nous de jouer, employons les migrants à la hauteur de leurs compétences, formons ceux qui souhaitent grandir, apprenons-leur notre langue, donnons-leur le droit de travailler avec des papiers légaux…
Ils réussiront bien au-delà des secteurs du BTP, de la restauration ou de l’aide ménagère auxquels ils sont généralement associés. La question d’intégration ou d’assimilation se posera alors beaucoup moins.
Lecourieux-Bory