Votre exposition s’intitule « fausse reconnaissance ». Pouvez-vous nous expliquer pourquoi ?
La reconnaissance, c’est ce phénomène d’impression similaire que nous connaissons tous, lorsqu’on se remémore un instant passé, qu’il resurgit d’un coup en mémoire. Des images de lieux, d'odeurs flottantes dans l'air. Un monde onirique, toujours incertain. Le souvenir est jonché de faux, qui pourtant paraissent, pour le porteur de certitude, tout à fait vrai et juste. Freud parle alors de souvenirs-écrans. Parfois, une expérience vécue se révèle avoir été falsifiée au cours d’un souvenir : “Elle est fausse dans la mesure où elle transporte une situation à un endroit où elle ne s’est pas produite, fusionne des personnes les unes avec les autres ou les intervertit, ou, d’une façon générale, se révèle avoir été composée à partir de deux expériences vécues séparées”. À mi-chemin entre le réel et l'imaginaire. Laissez-vous porter par les histoires. L'exposition se vit, se regarde, interroge, dans le but de transporter chacun dans un bout d'espace et de temps qu'il lui est propre. Sans connaître la limite du rêve et de la réalité.
Quel regard portez-vous sur la photographie en général ?
J’ai beaucoup idolâtré la photographie. J’ai été grande consommatrice d’image. Aujourd’hui, je ressens le besoin de profiter de ce qui m’entoure, en mettant mes autres sens en éveil. L’acte photographique prend de plus en plus d’ampleur, il devient objet de consommation courant. Nous vivons dans un monde d’image. Mais à force de les voir, de les manipuler, de les consommer boulimiquement, on ne prend plus le temps d’interagir avec l’instant. Aujourd’hui, je voudrais que les artistes photographes me surprennent. M'emmènent là où on n’attend pas l’image photographique.
Quel grand maître de la photographie admirez-vous le plus ?
J’ai rencontré des photographes que j’admire aujourd’hui pour ce qu’ils m’ont apportés, leur qualité d’enseignement ou simplement leur savoir-faire. Le terme “grand maître” est relatif en cela. Il y a une photographe que j’admire car je me suis retrouvée en elle, en ses écrits et ses photographies fantomatique, ses images de souvenirs torturés et sa passion. Il s’agit d’Alix Cléo Roubaud. Son “journal (1979-1983)”, à beaucoup influencé ma façon d’écrire. Une écriture automatique, dans l’ordre des jours, sans revenir en arrière, sans corriger, sans effacer, pour elle-même.
Avez-vous d’autres sources d’inspiration que l’art photographique ?
L’art cinématographique est une évidence je crois. Lorsque je visionne un film, il m’arrive souvent de m’imaginer une photographie, tirée de l’ambiance. Tout comme ma photographie inclus le hors-champ, afin de projeter le spectateur dans une autre scène que celle figurée. Il y a l’écriture aussi, qui fait partie de ma pratique ; la poésie et l’écriture automatique des surréalistes. Toute la période surréaliste m’a beaucoup inspirée. Je me suis également essayée à l’art sonore, que j’aimerais beaucoup intégrer dans mes installations, car les sons, les voix, ont une grande place dans ma vision du souvenir.
Quels conseils donneriez-vous à un photographe débutant ?
Il faut être patient quand on veut pratiquer. Réfléchir au sujet que l’on photographie et ce que va devenir l’image pour nous. Penser à notre relation avec l’image. Pourquoi on l’a fait naître, et comment valoriser ? Des choix se feront automatiquement. Il faut nouer des liens avec la photographie, car au moment du tirage, que ce soit argentique ou numérique, on peut rencontrer tellement d’obstacles, qu’il vaut mieux tenir à son image.
Avez-vous un site internet, une page Facebook, ou autre ?
Pour le moment, je n’ai pas de site internet. Mais vous pouvez me suivre via ma page facebook : https://www.facebook.com/analogie.etc/
Et vous pouvez retrouver des images en plus sur mon compte instagram : https://www.instagram.com/analogie.etc/